L’ancienne gare routière de Tétouan qui n’existe plus, était l’une des plus belles du Maroc avec ses magnifiques fresques peintes par l’artiste espagnol Don Mariano Bertuchi, fondateur de l’école nationale des Beaux-arts en 1945 et conservateur de la ville de Tétouan pendant le protectorat franco-espagnol sur le Maroc.
Les étudiants des Beaux-arts s’y rendaient souvent à l’époque, le dimanche, pour une séance de croquis autour d’un thé à la menthe collectif difficilement financé, à la terrasse de l’un de ses deux cafés. L’espace était plutôt agréable par sa propreté inhabituelle par rapport aux autres gares du Maroc que je connaissais, il semblerait qu’il était interdit de cracher par terre ou de jeter des ordures sous peine d’une amende de 5 dh. Mais il faut dire également que le nord du Maroc était réputé pour la propreté de ses villes et la beauté des femmes, entre autres, malgré la négligence du pouvoir à son encontre due à un contentieux historique.
Un de ces jours, nous étions quatre ou cinq camarades en train de tirer des croquis à des voyageurs dans diverses situations typiques, fatigués, endormis, en discussion gestuelle, accroupis, etc. À un moment donné, un copain avait soupiré d’une voix pitoyable : « Si seulement on pouvait avoir une petite boulette de haschich et une grosse boule de viande hachée bien rôtie ! » Quand soudain un flic en civil amateur d'art manifestement, qui était juste derrière nous en train de nous observer, a sorti de sa poche une petite boulette de cannabis et lui a mise discrètement dans la poche en lui chuchotant: « Voilà pour fumer, quant à la boulette de viande, débrouillez vous ! » C’était un geste sympathique de sa part, bienvenu dans une telle circonstance.
On dirait que le ciel avait exaucé notre prière, si seulement il avait pu faire un effort dans d’autres cas plus sérieux…
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